Pourquoi on grossit-on ?
L’analyse généralement proposée du phénomène s’illustre par sa lumineuse simplicité: si nous grossissons, c’est que nous mangeons trop gras et que nous manquons d’activité physique.
Un
diagnostic d’une telle évidence ne peut qu’appeler un traitement d’une
aussi grande évidence ==> pour maigrir, ou ne pas grossir, il suffira
de manger moins gras et de s’activer davantage. (mouais comme si on savait pas tiens !!! )
Toutefois, rien n’y fait. Et, malgré la bonne volonté
dont font déjà preuve certains pays, manger moins gras n’empêche pas
les populations de grossir. Bien au contraire.
C’est peut-être
que les choses sont moins simples qu’elles ne paraissent. Comme la
plupart des variables biologiques définissant le milieu intérieur (la
glycémie, la température, la pression artérielle, le pH…), la masse
grasse est régulée par l’organisme de façon à se maintenir relativement
constante.
Plusieurs facteurs entrent en jeu , en voici quelques uns :
Les pièges de l’hypercontrôle et de la désinhibition
Notre
intention est de montrer que la dégradation de la relation avec la
nourriture et le corps empêche la régulation de s’effectuer, favorise
l’apparition des comportements compulsifs et augmente l’amplitude des
réponses alimentaires aux émotions.
La restriction cognitive se
caractérise par la présence de deux états qui couramment alternent dans
le temps. Le premier est un état d’hypercontrôle, au cours duquel le
sujet inhibe ses sensations alimentaires et contrôle son comportement
alimentaire. Le second est un état de perte de contrôle ou de
désinhibition des sensations alimentaires, qui peut prendre la forme de
grignotages, de compulsions ou de crises boulimiques.
Les règles que l’on s’impose
L’état
d’inhibition sans perte de contrôle évolue en deux temps. Le premier
est caractérisé par la prédominance de cognitions imposant la manière
de manger pour maigrir ou ne pas grossir : s’astreindre à trois repas
par jour, ne pas manger entre les repas, manger copieusement le matin
et légèrement le soir, réduire les quantités de certains aliments jugés
“grossissants” et augmenter les quantités d’autres aliments jugés “non
grossissants”. Ces règles ne respectent pas les sensations alimentaires
et peuvent parfois conduire le sujet à manger sans faim (pour ne pas
sauter un repas) pour s’empêcher de manger plus tard quand il aura faim
(puisque l’on ne mange pas entre les repas). À ce stade, le sujet
perçoit ses sensations alimentaires mais décide de ne pas en tenir
compte. À ce jour, aucune de ces allégations n’a pu démontrer son
efficacité sur la perte de poids. Il est, par exemple, parfaitement
possible de maigrir en prenant deux, quatre, cinq ou six prises
alimentaires, en ne prenant pas de petits déjeuners et en mangeant
copieusement le soir ou en consommant une alimentation riche en graisse
comprenant très peu de légumes. Le seul fait établi est la nécessité
d’une diminution des calories, de quelque nature qu’elles soient.
Ces émotions qui nous envahissent
Le
second temps de l’état d’inhibition est caractérisé par la prédominance
des émotions. Les règles que s’impose le sujet ont donné naissance à de
nombreuses émotions négatives qui prennent le dessus sur les sensations
alimentaires et viennent les brouiller: la peur d’avoir faim, la peur
de manquer, la frustration, la culpabilité...
La personne qui, par
exemple, s’interdit de manger entre les repas craint la faim et
surconsomme au cours des repas pour s’assurer que sa faim ne
réapparaîtra pas prématurément. La
personne qui limite sa consommation de gâteaux finit presque toujours
par trop en manger quand elle se les autorise. Comme s’il lui fallait
rattraper son retard et les manger comme si c’était la dernière fois.
Parfois, les sensations disparaissent totalement. Le sujet ne les
ressent plus, il doit alors les remplacer par des pensées ou des
sensations imaginées. Ainsi, il ne ressent plus la faim, mais pense
devoir manger. De la même manière, il ne ressent pas le rassasiement,
mais pense avoir assez mangé.
Les troubles du réconfort
La
peur de la faim, le manque, la frustration... entraînent couramment des
surconsommations et prennent le dessus sur les processus physiologiques
de la régulation. Manger devient finalement une activité stressante qui
empêche les aliments d’exercer leur fonction réconfortante. Ce
phénomène est désigné sous les termes “trouble du réconfort”. Quand il
mange, le mangeur restreint produit des émotions négatives qui
l’empêchent de s’arrêter et déterminent ainsi le cycle de la
restriction cognitive.
Le cycle du corps gros
L’insatisfaction
corporelle et le désir de minceur qui s’emparent de la population
occidentale conduisent la plupart des mangeurs à ne pas supporter leur
propre corps et, par conséquent, bien souvent à engager ou à renforcer
leurs efforts d’amaigrissement. La vision de ce corps qui les
insupporte, d’une part, produira des émotions négatives, qui, comme
nous l’avons vu, trouveront leur issue dans la nourriture. Si elles ne
sont pas compensées, ces prises alimentaires pourront naturellement
entraîner une prise de poids. D’autre part, elle aboutira à un
renforcement de la restriction cognitive dès lors que le sujet
s’essaiera à vouloir maigrir. C’est ainsi que l’infortuné mangeur se
trouvera pris à un double piège: plus je grossis, plus je mange. Et
plus je mange, plus je grossis, et moins je suis capable de m’arrêter
de manger. C’est le cycle du corps gros.
Le cycle des réponses alimentaires aux émotions
Certaines
personnes parviennent à se contrôler, avec ou sans prise de poids,
durant de longues périodes. Mais la plupart alternent les périodes de
contrôle avec des périodes de pertes de contrôle. Les facteurs
déclenchants sont divers. Il peut s’agir de modifications de l’état
physiologique du sujet (prises d’alcool, fatigue, maladies, carences
énergétiques liées à des régimes trop privatifs) ou, comme nous l’avons
vu, d’émotions produites par des pensées négatives sur soi-même, les
autres ou les conditions de vie survenant dans ce cas avant la prise
alimentaire. Ou encore d’émotions provoquées par la restriction
cognitive (je mange trop ou je mange mal) survenant lors de la prise
alimentaire.
Dans tous les cas, l’incapacité à se contrôler viendra
elle-même nourrir les pensées négatives sur soi-même et favoriser la
production d’émotions négatives, qui constitueront autant de portes
d’entrée dans le cycle du corps gros et dans le cycle de la restriction
cognitive. Et ainsi refermer le dernier cycle, celui de la réponse
alimentaire aux émotions.
Maigrir durablement en retirant quelques
matières grasses et en s’activant davantage est sans doute une solution
séduisante par sa simplicité. Elle est malheureusement fausse et peu
compatible avec des problèmes d’une telle complexité. Ce que confirment
d’ailleurs les résultats, qui montrent un taux d’échec de cette
solution proche de 90 % ! Ce qui serait sans grande conséquence si le
taux d’aggravation du problème (augmentation du poids, des troubles du
comportement alimentaire et détresse psychologique) n’était pas du même
ordre.
Citation: |
Les trois cycles des défaillances de la régulation >>> Cycle de la restriction cognitive Je mange un gâteau, je sais que je ne devrais pas le faire (culpabilité), mais cela fait un mois que je me prive (frustration). Et puis, comme demain je reprendrai mon régime, autant en profiter aujourd’hui (anticipation du manque). Mais plus je mange, plus je me sens coupable (émotions négatives). Plus je me sens coupable, plus je me répète que c’est la dernière fois, et qu’il vaut mieux en profiter (peur de manquer). Et donc, plus je mange... >>> Cycle du corps gros Je suis trop grosse. C’est insupportable (image dégradée du corps gros). Cela m’angoisse (émotions négatives). Je vais me mettre au régime (efforts d’amaigrissement). En attendant, je mange du chocolat pour me réconforter (prises alimentaires). C’est stupide, mais autant en profiter si cela doit être la dernière fois (peur de manquer: cycle de la restriction cognitive). Mais, puisque je mange, je grossis encore plus. C’est encore plus insupportable. Cela m’angoisse encore plus (émotions négatives: peur de grossir). Je mange pour me réconforter... >>> Cycle des réponses alimentaires aux émotions Mon travail n’avance pas, mes collègues vont se rendre compte que je ne suis pas à la hauteur (pensées négatives sur soi-même). Je suis angoissée (émotions négatives). Je mange du chocolat pour me réconforter (réponse alimentaire aux émotions). Je jure que c’est la dernière fois, autant en profiter (peur de manquer: cycle de la restriction cognitive). Je suis incapable de me contrôler, je n’ai aucune volonté. Je suis vraiment nulle (pensées négatives sur soi-même). Je vais manger pour me consoler (cycle des réponses alimentaires aux émotions)... Et en plus, je deviens énorme (cycle du corps gros). |
Comme quoi maigrir, mais surtout rester
mince n'est pas simple, que nous soyons en amaigrissement ou stabilisées il faut essayer de réfléchir à notre façon de manger, écouter son
corps, reconnaitre ses besoins (être rassasiée, sensation de faim...)
Essayer
de comprendre pourquoi à ce moment de la journée j'ai envie de
grignoter, pourquoi cet état de fatigue me me fragilise, comment faire
pour trouver un substitut "réconfort" à la nourriture?
C'est
toutes ces questions qu'il faut étudier pour construire sa vie de
future mince, c'est pourquoi il est
important de changer ses habitudes de vie et de se questionner du
pourquoi on en est arrivé à prendre du poids parfois faramineusement!
Vous pourrez trouver l'intégralité de cet article et bien d'autres questionnements sur ce site :
http://www.gros.org